CHARTE ÉTHIQUE DU MÉTIER D'ÉQUICIEN

L’équicie est mise en œuvre  avec une éthique consistant à respecter le client, l’ensemble des partenaires et le cheval.

Elle s’inscrit dans une démarche d’accompagnement d’une personne, ou d’un groupe de personnes, visant à apporter une aide éducative et/ou thérapeutique. Cet accompagnement doit garantir l’épanouissement de la personne en assurant son intégrité physique et psychique.

L’équicien est le garant de l’accompagnement, de la définition du projet individualisé du client, de son suivi, de la sécurité ainsi que du bien – être du client et du cheval.

L’ACCOMPAGNEMENT

L’accompagnement doit se dérouler dans un cadre précis avec l’utilisation d’outils définis par le métier

  •  Sa préparation: l’équicien participe à l’élaboration de l’action à mener, en discutant avec tous les professionnels qui interagissent avec la personne à aider afin que l’accompagnement soit cohérent avec les besoins de celle-ci. Cela va permettre de collecter préalablement des observations indirectes, de connaître le projet individuel puis des observations directes par la rencontre de la personne. Ces données seront utilisées pour établir un diagnostic s’intitulant : étude de cas.

Ensuite, à partir de ce dernier, l’équicien établit le projet individualisé de la personne défini en fonction de son projet individuel.

  •  Le projet individuel est établi au sein de l’institution avec l’intéressé par l’équipe pluridisciplinaire dans lequel l’intéressé évolue. La loi 2005 a identifié et fait mettre en place les Maisons Départementales des Personnes en Situation de Handicap (MDPH). Celles-ci ont, entre autres, mission de proposer le projet de la personne en vue de définir ses besoins et ses orientations.
  • Le projet individualisé correspond au projet d’action dans une activité qui est relié au projet. Un individu a autant de projets individualisés qu’il réalise d’actions avec son projet individuel.

Enfin, l’équicien crée un protocole d’observation utilisé pour l’évaluation régulière (une par mois) des objectifs fixés dans le projet individualisé. Cette évaluation permettra de faire un rapport aux institutions de l’évolution de la personne aidée et de réactualiser au besoin les objectifs ainsi que le projet.

LA MISE EN OEUVRE DE L’ACCOMPAGNEMENT

Lors de l’accompagnement l’équicien s’assure tout d’abord des conditions optimales de sécurité ; il anticipe les comportements de la personne et de l’animal et s’adapte à toute situation. Pour cela, il prépare préalablement chaque séance.

Il prend notamment en compte :

 La personne: tenue adaptée, veiller à l’épanouissement de la personne en prenant en compte ses comportements, ses paroles.

    • Le cheval: étant partenaire, celui-ci doit être en bonne condition physique, adapté à la personne et, si possible, être celui choisi par la personne.
    • Le lieu: adapté à la situation et sécurisé.
    • Les accompagnants: les personnes qui accompagnent le client (éducateur spécialisé, stagiaire, bénévole, parent) peuvent intervenir, à condition que leur rôle soit clairement défini par l’équicien.

Par l’observation des comportements homme/cheval, l’équicien est en mesure de s’adapter, d’intervenir ou de ne pas intervenir et d’anticiper. Le cheval ayant une sensibilité sensorielle très développée, lorsqu’il est en contact avec une personne il perçoit le moindre état émotionnel de celle-ci, ce qui influencera ses comportements. C’est à l’équicien d’observer le moindre mouvement, comportement du cheval tel que : pincement des naseaux, oreilles en arrière, grattement du pied, afin de comprendre l’individu tout en évitant les interprétations[1] ou de faire des projections[2].

L’équicien se doit d’être en négociation permanente autant avec l’individu qu’avec le cheval. Il peut mettre en difficulté une personne mais jamais en échec. Pour cela, il utilisera les fonctions suivantes qui correspondent aux étapes de développement de la personne :

  • Fonction identitaire : guider
  • Fonction affective : accompagner
  • Fonction psychomotrice : aller ensemble

L’équicien accompagne avec :

  • Humilité: comprendre l’individu tel qu’il est et non le voir comme on voudrait qu’il soit. Chaque humain a ses forces et sa valeur quelque soit son chemin, sa capacité à entrer en relation avec autrui, sans attendre à être reconnu. L’équicien doit s’accepter tel qu’il est tout en ayant conscience de ses forces et limites.
  • Humanité: être capable d’aimer l’autre et s’aimer soi même.
  • Respect de ses émotions: les forces professionnelles sont réelles et ne sont pas celles de l’autre. Éviter les projections de soi sur l’autre.
  • L’utilisation des ressources individuelles:
    • Ressources relationnelles: aide, sécurise, dynamise, valorise, échange
    • Ressources cognitives: ouverture d’esprit, culture, connaissance et pédagogie
    • Ressources sociales : acceptation de chacun, expression, langage, éducation, dynamique de groupe.

Ainsi, l’équicien veille à occuper la juste place en évitant d’envahir l’espace entre la personne et son cheval et d’interférer dans la relation homme/cheval. En effet, le cheval a une perception sensorielle très fine. Il perçoit les moindres micros signes d’une personne ou des personnes qui l’entourent (rythme respiratoire, odeur corporelle, battement de cils) et se comporte, réagit ou pas à ce qu’il perçoit.

En fin de séance, un temps de « feed back » est mis en place. Ce temps est nécessaire pour assurer le suivi du projet qu’il soit à visée éducative ou thérapeutique. La personne, les accompagnants et l’équicien s’expriment tour à tour sur ce qui c’est passé, en vue de formaliser le résultat de la séance, de vérifier si ses objectifs ont été atteints, relever des faits, des postures, des progressions. En conséquence, l’équicien adaptera la séance suivante, réajustera le projet, ou proposera de nouveaux moyens en accord avec la personne et les représentants des institutions ou les parents concernés.

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[1] Interprétation : « Action de donner un sens à une chose », emprunté au latin interprétation.  Dictionnaire de psychologie : « explication en terme clair d’un phénomène obscur ou incompréhensible ». En psychologie, une interprétation est essentiellement une hypothèse : elle a valeur de proposition, jamais de preuve.

 

[2]  Projection : mécanisme de défense consistant à attribuer inconsciemment à autrui et plus généralement à percevoir dans le monde extérieur ses propres pulsions, ses pensées, ses intentions, ses conflits intérieurs. La projection permet de se libérer de ses affects intolérables. (Dictionnaire de psychologie Larousse).

 

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Charte écrite par Isabelle CLAUDE, Fondatrice de l’association Équit’Aide Lorraine et du métier d’équicien.